Le Fonio

Le fonio (Digitaria exilis), céréale d’Afrique de l’Ouest fort appréciée pour sa finesse, sa douceur, sa digestibilité, ses qualités gustatives, nutritionnelles et thérapeutiques, pourrait jouer un rôle important dans la politique nationale de développement agricole au Sénégal. Le fonio mérite un intérêt particulier car il présente un grand potentiel économique. Selon les années, le prix d'un kilo de fonio est de 1.5 à 2 fois plus élevé que celui d'un kilo de riz (Vodouhe et al. 2007). La culture du fonio est adaptée à la sécheresse et aux sols peu fertiles (Vodouhe et al. 2007). Le cycle de culture court de certaines variétés permet aussi à certaines populations d'assurer la période de soudure, le rendant indispensable à la sécurité alimentaire. De plus, c'est une céréale très nutritive grâce à ses fortes teneurs en acides aminés soufrés, méthionine et cystéine (Fall, 2012).

Ainsi, le développement de la culture du fonio au Sénégal s’inscrit dans le développement de filières à haute valeur ajoutée, compétitives sur le marché national et international et susceptibles de générer des revenus surtout pour les couches sociales les plus défavorisées que constituent les agriculteurs en milieux ruraux et les femmes.

Cependant, le fonio reste au Sénégal une culture spécifique de quelques minorités ethniques comme les Bassari, Jallonkés, Tenda, Kognagui et mandingues des régions de Tambacounda, Kédougou, Sédhiou, Kolda au sud et Kaffrine (zone Koungheul) au centre ouest (USAID, 2008). Jusqu’à présent, malgré l’appel international à l’utilisation des plantes cultivées sous-utilisées (ICUC; GFU, Bioversity International, etc.) pour diversifier l’alimentation humaine et favoriser une agriculture durable, les potentialités du fonio sont encore à ce jour largement inexploitées. Ainsi, les rendements sont faibles (en moyenne de 600 kg/ha) et les surfaces réduites (moins de 2500 ha) de sorte qu'annuellement, le Sénégal ne produit que 1700T de fonio en moyenne (FA0Stat, 2011) et ne commercialise que 700 T dont plus de 72% proviennent de la Guinée Conakry (USAID, 2008 ; Niang Seydi, 2010).